Fabrice Lesage : « Savoir s’adapter, c’est la clé »

Artisan-menuisier engagé et président du réseau Synerciel, Fabrice Lesage dirige l’entreprise Hauteur Largeur 45, installée près d’Orléans. Fort de près de trente ans d’expérience dans le métier, il nous raconte son parcours, son approche de l’artisanat, son regard sur la rénovation énergétique et les atouts du travail en réseau.

Un parcours atypique

Mon parcours est un peu atypique : j’ai commencé par des études d’anglais, puis d’électricité et d’électrotechnique. J’ai beaucoup voyagé avant de revenir en France, où j’ai intégré une petite entreprise de menuiserie. Nous étions quatre à l’époque, puis l’entreprise s’est développée jusqu’à atteindre 120 personnes, et j’en suis devenu le directeur commercial.

C’est un peu par hasard que je suis arrivé dans ce métier, attiré à la fois par son aspect technique et commercial, et bien accompagné par des professionnels expérimentés. Cela fait 29 ans que je suis dans le métier, et 19 ans que je suis à mon compte avec mon entreprise Hauteur Largeur 45.

Un savoir-faire sur mesure

Quels types de projets réalisez-vous ?

Je suis spécialisé dans les fenêtres : aluminium, PVC ou bois, selon les besoins, notamment pour les bâtiments classés où le bois est souvent imposé. L’essentiel de notre activité concerne la rénovation, et c’est justement ce qui rend le métier passionnant : il faut sans cesse s’adapter à la maison, à l’environnement, au besoin du client. C’est un métier d’ajustement permanent.

Pouvez-vous nous parler d’un projet marquant ?

Dernièrement, j’ai réalisé une pergola pour un cuisiniste très exigeant, un vrai perfectionniste. Le projet était techniquement complexe : une terrasse surélevée avec des inconnues structurelles, des angles spécifiques… On a dû démonter, inspecter, mesurer, s’adapter. Le résultat est magnifique, et surtout, le client est ravi.

Sur un projet comme celui-là, nous sommes généralement cinq ou six : une personne accueille le client, je m’occupe du devis, un métreur intervient, et deux à trois poseurs prennent le relais. C’est un vrai travail d’équipe, bien coordonné.

La performance énergétique, une exigence devenue centrale

Comment votre métier a-t-il évolué face aux enjeux de la performance énergétique ?

Le changement est radical. Les premières fenêtres que j’ai posées en 1994 n’ont rien à voir avec celles d’aujourd’hui. Elles sont beaucoup plus isolantes, écologiques (grâce à des matériaux recyclables), efficaces contre le bruit, et désormais, elles limitent aussi le passage de la chaleur. Ce sont de vrais produits techniques.

Les clients sont-ils sensibles à ces questions ?

Absolument. Avant, on changeait une fenêtre parce qu’elle était abîmée. Aujourd’hui, on la change pour améliorer son isolation thermique et faire des économies d’énergie. Les clients sont bien informés, mais parfois perdus face à la quantité d’informations disponibles. Notre rôle, c’est de les aider à faire le tri et à les orienter vers les bonnes solutions.

Quels matériaux vous semblent les plus adaptés aux attentes actuelles ?

Cela dépend du contexte : la maison, l’état du bâti, les attentes du client… On peut faire une pose en rénovation, par exemple, sans tout arracher, si l’existant est en bon état. Le cœur du métier, c’est vraiment de s’adapter, pas d’imposer un produit unique.

L’humain au cœur du métier

Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans votre quotidien ?

C’est simple : la satisfaction du client, celle des poseurs, et quand tout se passe bien sur un chantier. Voir le client heureux à la fin du projet, c’est ce qui me donne le sourire. Mon plaisir, c’est le contentement des gens.

Quels sont les défis que vous rencontrez aujourd’hui en tant qu’artisan-menuisier ?

Le premier, c’est de rester à jour sur les innovations. Il faut être curieux, toujours en veille. Par exemple, je trouve la technologie Éclaz de Saint-Gobain impressionnante : c’est un vitrage qui bloque la chaleur tout en laissant passer la lumière. Quand on le teste, c’est bluffant.

Et puis, au quotidien, il y a un défi tout aussi important : tenir ses engagements. Être sérieux sans se prendre au sérieux, respecter les délais, poser au prix juste. J’y arrive parce que je fais le commerce moi-même, sans commerciaux, sans sous-traitance. Ça me permet de mieux maîtriser les coûts et la qualité.

L’expérience du réseau Synerciel

Quel rôle joue Synerciel dans votre activité ?

Le réseau, c’est une vraie force : on échange des adresses, des clients, des expériences. C’est un cercle de professionnels exigeants, avec un vrai niveau de qualité. Je suis membre depuis 2012, après avoir intégré d’abord le réseau Bleu Ciel d’EDF.

Pourquoi avoir rejoint Synerciel ?

Au départ, c’était pour la valorisation des CEE, car j’avais une autre entreprise dédiée à l’isolation. Mais je suis resté pour le partage de connaissances, les rencontres, le réseau, les voyages… Et aussi pour garder un coup d’avance.

Quels sont les avantages concrets au quotidien ?

Des prix négociés sur les produits, véhicules, assurances… La possibilité de faire appel à d’autres artisans fiables du réseau. Par exemple, je travaille souvent avec des maçons pour la pose de portails ou de pergolas. Cela évite au client de chercher quelqu’un, et on coordonne les travaux dans les règles de l’art.

Ces collaborations sont fréquentes ?

Oui, au moins une fois par mois. Je collabore aussi avec des électriciens, couvreurs, ravaleurs, spécialistes de l’isolation… Cela fait partie de notre fonctionnement, on ne travaille pas en vase clos.

Penser la menuiserie de demain

Quel conseil donneriez-vous à un jeune qui veut se lancer dans la menuiserie ?

Qu’il rachète ma boîte ! (rires) Plus sérieusement : qu’il soit curieux, tenace, qu’il écoute les anciens. Il ne faut pas avoir peur de poser des questions, d’apprendre des autres. C’est un métier d’humilité et d’échange.

Et la menuiserie de demain, comment la voyez-vous ?

Motorisée, domotisée, intelligente. Avec des vitrages qui réagissent au soleil, des solutions connectées… Mais elle sera toujours isolante, toujours au service du confort et de l’efficacité.

Un mot de conclusion ?

Qu’on soit jeune ou moins jeune, faire partie d’un réseau comme Synerciel permet de progresser, d’aller plus loin et plus vite. On apprend, on échange, on évolue ensemble.